Home Up

[Retour au Coin Français] 

La pédophilie 

Les conséquences pour l'enfant

Présentation de Frits Bernard 

Le petit gredin n°2 - hiver 1982 - pp. 13-17

Dossier BiblioBlue

"La sexualité complète et originelle est celle de l'enfant. La sexualité purement génitale surtout sous sa forme phallique et virile n'en est qu'une perversion idéologique. Sexuellement c'est l'enfant qui est l'être complet. Corps d'amour." 
Roger Lewinter

Le docteur Frits Bernard est né à Rotterdam (Pays-Bas) en 1920. Il a fait des études de psychologie, psychopathologie et criminologie aux universités d'Amsterdam et de Nijmegen. Il a publié notamment: 

La psicologia y sus aplicaciones (La psychologie et ses applications), Barcelone 1949 

Sex met Kinderen (Les relations sexuelles avec les enfants) co-auteur, Den Haag 1972 

Pedofilie (La pédophilie), Bussum 1975 

Pädophilie; Von der Liebe mit Kindern (La pédophilie; De l'amour avec des enfants), Foerster-Verlag, Berlin/Frankfurt 1982, Postfach 100-230 1000 Berlin 1 

Costa Brava (Roman), id. 

Verfolgte Minderheit (Roman), id. 

Kinderschänder ? id. 

Frits Bernard est l'auteur de nombreux articles parus dans des revues scientifiques étrangères (allemandes, américaines, hollandaises et britanniques). Il est aussi le conseiller scientifique du "Groupe de Travail sur la Pédophilie" de l'Association Néerlandaise pour la Réforme Sexuelle. 
Partie prenante des recherches actuelles sur la sexualité des enfants et des divers mouvements internationaux d'émancipation sexuelle, il était un des invités remarqués du 1er congrès du GRED en 1981.


Dans un sens très général, I'on pourrait dire que le déroulement d'une vie et l'évolution d'une certaine personnalité sont une succession d'événements, d'expériences et d'entreprises. Il s'agit donc d'un ensemble complexe car des impulsions viennent constamment en affecter le cours. 

Dans cette étude sur l'effet de relations pédophiles sur le garçon ou la fille, nous allons tenter de cerner la réalité de la situation. Quelle est sur l'enfant l'influence d'une relation ou d'un simple contact? Comment l'enfant, garçon ou fille, vit-il cette relation ou ce contact? Qu'en reste-t-il ? Comment, plus tard devenu adulte, l'enfant voit-il cette expérience? A notre avis c'est cette dernière question qui est importante. En effet, ce n'est qu'avec un certain recul que l'on pourra appréhender l'influence, si influence il y a, au cours de la vie. 

Quand nous parlons de relations pédophiles nous entendons une liaison sexuelle plus ou moins longue entre un homme ou une femme et un garçon ou une fille de moins de seize ans. Nous aurions pu fixer la limite autrement. Après tout, cette limite est arbitraire et ne repose pas sur des faits biologiques ou psychologiques mais relève de la loi (aux Pays-Bas). D'autres mesures législatives auraient donné une autre limite. 

Il est bien sûr très utile d'avoir des informations sur l'influence des relations sexuelles entre adultes et jeunes. Une étude de la littérature ou de cas particuliers ne nous apporte pas grand-chose. En général, les travaux de recherche publiés ne concernent qu'une réflexion spéculative. 

Etant donné que dans notre culture ces relations sont totalement recouvertes par des tabous, il est extrêmement difficile d'avoir accès à des informations précises. C'est la loi du silence qui prévaut et ce n'est qu'exceptionnellement que les faits sont révélés. Le "nombre noir" est certainement grand, c'est-à-dire qu'un grand nombre de cas restent inconnus et ne peuvent figurer dans une approche statistique. 

Comme c'est encore trop souvent le cas, un travail scientifique n'est bien vu qu'à condition que ses conclusions tombent bien dans les limites de l'idéologie de la société dans laquelle le travail a été fait. Celui qui entreprend une étude sur les conséquences des contacts sexuels entre adultes et jeunes enfants court le risque de se trouver dans une situation difficile car on craindra qu'il mette en doute les idées actuelles en matière de sexualité. On préférera, en général, des conclusions basées sur des considérations passionnelles plutôt que celles basées sur des critères objectifs. 

Les points de vue de la science et de l'opinion publique divergent considérablement sur ce point. De l'avis quasi-général, on estime que des contacts sexuels entre adultes et enfants doivent nécessairement avoir des conséquences dommageables, alors que cela pourrait être très exceptionnel. Après tout, il peut y avoir aussi des conséquences néfastes dans le cas de contacts entre adultes. 

La pédophilie n'est pas un problème négligeable. Depuis les enquêtes bien connues de Kinsey, Pomeroy et Martin en Amérique, nous connaissons mieux la fréquence de ces sortes de relations ou contacts. Entre 10% et 15% de filles américaines de moins de douze ans (donc en général avant la puberté) ont eu au moins un contact avec un adulte. Dans son œuvre maîtresse Psychosexueller Infantilismus publiée en 1922 Wilhelm Stekel écrit: "Dans la mesure où j'ai pu l'étudier, on doit considérer qu'il s'agit presque d'une composante normale de la pulsion sexuelle". Et encore: "Le stimulus sexuel qui émane des enfants est d'autant plus remarquable que, depuis des siècles, l'on a tout fait pour dé-sexualiser l'enfant et en faire quelque chose de sacré". Le recours à la force ou les mauvais traitements n'ont lieu que très rarement. 

De plus, dans les formes les plus graves de criminalité, il s'agit semble-t-il de filles quelque peu plus âgées. Nous n'avons pas pu nous procurer des chiffres précis sur le recours aux violences dans la criminologie sexuelle. Nous avons abordé cette question par le biais des chiffres fournis par le Bureau Central des Statistiques et nous en concluons que le recours aux violences est tellement rare que ce serait quantité négligeable s'il ne s'agissait pas de cas si tragiques. 

On peut tirer certaines indications du fait que, pour des délits de pédophilie, on condamne en moyenne cinq personnes par an à des peines dépassant trois ans de prison. Pour la période de 1960 à 1964 il n'y a eu que trois condamnations (0,5 par an) pour des délits de pédophilie relevant de l'Article 248, paragraphe 1 du Code Pénal (contacts sexuels avec des enfants avec violences) (Pays-Bas). 

Les statistiques portant sur les causes de décès parlent d'elles-mêmes. Entre 1960 et 1965 sur environ deux millions d'enfants de 5 à 15 ans, 0.8 garçons et 0.3 filles par an sont présumés décédés en rapport avec des crimes sexuels. 

Comment se font les contacts pédophiles? Il y a beaucoup d'idées fausses à ce sujet entretenues d'ailleurs par une mauvaise information dans les médias. Stekel, que nous avons déjà cité, parle de sa propre expérience, entre autres: "L'adulte n'est pas toujours le séducteur. Il arrive que l'enfant prenne l'initiative. Il demande l'heure et dévisage l'homme de façon provocante. Il arrive aux enfants de s'adresser aux hommes en quémandant pour établir le premier contact." 

Geisler estime, à l'occasion de procès pour actes impudiques, que 25% des témoins âgés de dix à quatorze ans avaient nettement manifesté leurs inclinations et leurs intentions. Giese, dans L'Homme homosexuel dans le monde, écrit que sur 393 homosexuels, 58% ont déclaré que l'initiative d'un contact sexuel est venu des deux partenaires, 21% que c'était de la part du garçon et 21% que c'était de la part de l'adulte. Il ajoute que la majorité de ceux qu'il avait examinés attendaient d'être séduits. La moitié d'entre eux avait eu des relations sexuelles avant l'âge de seize ou dix-sept ans. 

Nous, nous avons choisi la méthode biographique, c'est à dire que nous avons obtenu que les enfants devenus adultes nous parlent de leurs expériences sexuelles avec un ou plusieurs adultes. 

Nous leur avons laissé toute liberté pour raconter leur vie en leur demandant toutefois d'essayer de rappeler comment ils ressentaient ces contacts à l'époque et de nous dire comment ils voient les choses maintenant avec plusieurs années de recul. Nous appellerons cela la Méthode Sélective Biographique. Nous sommes conscients des inconvénients de la méthode, entre autres l'approche unilatérale du sujet, mais nous pensons que les avantages l'emportent (influence réduite de l'opérateur, facilité de misa en œuvre). Cette technique permet aussi une analyse ultérieure psychologique d'un récit écrit. On procède ensuite à des tests au moyen du test ABV. 

Les tests ABV sont en quatre parties pour un total de 107 questions. Le texte est structuré c'est-à-dire que les sujets n'ont pas une totale liberté pour répondre. Ils ne peuvent choisir que parmi un nombre limité de possibilités. La validation de ce test est basé sur la population Néerlandaise, ce qui nous donne des normes de base et il sera possible ultérieurement de comparer nos résultats avec les moyennes nationales. Ceci est très important car en l'absence d'une norme, le fait que l'on obtienne un chiffre très élevé pour telle partie du test resterait sans signification. Ce n'est que lorsque nos chiffres sont supérieurs ou inférieurs à ceux du Néerlandais moyen que nous pourrions tirer quelque conclusion. 

Trouver nos sujets représentait le plus gros problème. Comment obtenir des adresses? Nous y avons réfléchi longuement pour conclure finalement qu'il n'y avait qu'un seul moyen: demander autour de nous. Nous nous sommes ouverts autour de nous de notre projet pour voir s'il y avait effectivement des personnes qui avaient eu des relations sexuelles avec des adultes pendant leur enfance. 

Les enfants de l'époque appartiennent à toutes les classes de la société. Ils exercent différentes professions et vivent dans de grands ou de petits ensembles dans différentes provinces des Pays-Bas. Les âges vont de 22 à 70 ans. Cette étude a commencé en 1971 et se poursuit encore mais déjà certaines conclusions se dessinent. 

Comme l'étude est encore en cours nous ne pouvons présenter ici les résultats complets statistiques qui seront publiés ailleurs. Nous donnons ici quelques extraits de la partie biographique de l'étude car ceux-ci conviennent mieux au cadre de cet article que les résultats statistiques des tests. Nous permettons ainsi à certaines de nos premières "victimes" de parler brièvement de leur expérience. 

Placer les expériences sexuelles de nos sujets dans le cadre plus élargi de leurs vies aurait eu un intérêt certain mais nombre de nos sujets se sont opposés à la mention de leur scolarité ou de leur profession, craignant qu'on puisse éventuellement les identifier. Afin de conserver l'anonymat nous avons pris soin de ne citer que les aspects sexuels et, à quelques exceptions près, nous avons omis toute autre information. 

Nous donnons maintenant la parole à certains de ces enfants d'hier. 

CAS N°1 

La première description est représentative d'un petit groupe. Etant petits garçons, ils ont eu des contacts homophiles et, devenus hétérosexuels plus tard, ils manifestent une attitude négative devenus adultes. 

"J'ai eu mes premiers contacts sexuels quand j'avais quatorze ans. Ils étaient pour moi quelque chose de positif. Mon partenaire avait plus ou moins trente-neuf ans. A présent je suis fiancé. La raison pour laquelle je vois ces relations comme négatives est la suivante. A mon avis ce n'était pas une situation normale et je n'avais pas eu une éducation sexuelle suffisante. Je ne pouvais pas refuser car l'adulte en question me procura du reste tellement de joie que je ne voulais pas le désillusionner. Je pense qu'en ce temps j'avais peur de le perdre. Je me souviens très bien que quand il me mit au courant qu'il avait fait la connaissance d'une jeune fille, et qu'il allait peut-être se marier, j'étais terriblement triste." 

CAS N°2 

La description suivante faite par un homme de 25 ans est représentative d'un groupe important de gens qui, lorsqu'ils étaient enfants, avaient encouragé la situation sexuelle et qui sont devenus hétérosexuels après une période homosexuelle. C'est cette catégorie qui manifeste une attitude positive quand ils deviennent adultes. 

"Mon premier contact sexuel avec un homme plus âgé a eu lieu quand j'avais quatorze ans, à Rotterdam, près du Leuvehaven, entre les piliers du grand monument qui représente l'étrave d'un bateau fendant l'eau. Nous nous sommes branlés mutuellement, sans plus, en surveillant les alentours. Une fois ce premier pas franchi il y en a eu une foule d'autres. Je n'ai pas grand-chose à en dire - le sexe, c'est tout. Une des raisons pour lesquelles rien ne durait à l'époque était que les hommes avaient une peur terrible d'être pris et cela se comprend. 

Les choses durèrent ainsi jusqu'à mes dix-sept ans et alors, pour la première fois, je suis tombé amoureux d'un homme et nos relations se sont poursuivies pendant huit mois. Ce fut la fin des contacts fugaces. Je voulais quelque chose de plus qu'une aventure sexuelle. Les hommes que je fréquentais avaient de 40 à 60 ans. Je parle de la période avant mes 16 ans. La plupart de mes contacts avaient lieu à Rotterdam où mon père avait ses bureaux et où je passais les week-end et les vacances aussi souvent que possible (nous habitions un village en Zeelande-Flandres). Je prenais toujours l'initiative. Je portais mes shorts les plus courts et les plus excitants et je me promenais dans les places et les rues les plus passantes jusqu'à ce que j'aperçoive quelqu'un que je pensais "comme ça" et je me laissais "séduire". 

"Je n'ai pas de regrets de cette période. Je regrette seulement de n'avoir jamais trouvé ce que je cherchais, un ami plus âgé avec lequel je pourrais jouir sexuellement mais aussi simplement un ami, avec lequel faire beaucoup d'autres choses. Quelqu'un qui pourrait m'apprendre tout. C'est à peu près tout." 

CAS N°3 

Le récit suivant est d'un homme de 23 ans qui a été séduit par un homme plus âgé. Il est maintenant hétérosexuel. Ce cas est également typique d'un groupe de sujets assez important. 

"J'avais treize ans quand j'ai connu la pédophilie pour la première fois. Je n'avais jamais entendu ce mot ni celui d'homosexualité car mes parents avaient complètement négligé mon éducation sexuelle. L'homme qui m'a initié à l'homosexualité et que j'ai même aimé physiquement était et reste encore un de mes amis les plus chers. Je me souviens vaguement de la première fois où il m'a satisfait et je me souviens encore de la sensation merveilleuse. 

L'idée que je pouvais faire des choses perverses ne me troublait nullement, sans doute parce que je ne savais pas très bien ce qui se passait en réalité. Quelques mois plus tard il a tenté de m'expliquer la situation mais il a fallu quand même un an pour que je saisisse. Dans l'ensemble, je trouvais la situation un peu triste pour lui car je ne pouvais rester son ami intime et finalement, à y réfléchir, peut-être un peu sentimentalement, je lui faisais ça aussi gentiment que possible. Je n'ai jamais eu le sentiment de me salir et en fait ce ne fut jamais le cas. Dans nos circonstances je ne crois pas que cela eût été possible. 

"La seule fois où j'ai eu des difficultés a été lorsque j'en ai parlé à ma fiancée. D'ailleurs mes relations avec elle sont fantastiques. Nos rapports sexuels sont très bons et il n'y a pas de problème de mon côté." 

CAS N°4 

Le récit suivant est d'un homme de 37 ans. Il fait partie du groupe ,moins nombreux des enfants dont les parents sont intervenus. 

"Je devais avoir 14 ou 15 ans lors de ma première expérience sexuelle avec un homme d'environ 30 ans. J'y ai pris beaucoup de plaisir. Maintenant que je suis adulte, je vois cette période comme une partie de ma vie qui n'appartient qu'à moi. 

"Je suis maintenant marié, avec quatre enfants. Les gens qui ont cette tendance doivent trouver leur place dans la société et la société doit les accepter car c'est naturel. Il faudra beaucoup de temps avant qu'il en soit ainsi. Mes contacts avec ce côté des choses a été ressenti par mes parents à la fois si durement et si passivement que j'ai toujours eu l'impression d'avoir fait quelque chose de très mal. Maintenant, je vois cela comme une expérience personnelle que je tiens à revendiquer dans ma vie." 

CAS N°5 

Nous laisserons parler maintenant un homme qui a eu ses premiers contacts bien avant l'âge de la puberté. Il a aujourd'hui près de 68 ans. Dans une certaine mesure c'est un cas assez représentatif d'un groupe de sujets. Voici son point de vue sur la pédophilie: 

"Quand j'avais sept ans j'ai rencontré un homme qui était particulièrement gentil avec moi. Il m'emmenait dans sa chambre, me prenait sur ses genoux et jouait sexuellement avec moi. Je trouvais cela très bien et j'y prenais du plaisir. J'attendais avec joie les mercredis après-midi, le moment où nous pouvions nous voir. Tout ceci a duré assez longtemps. Plus tard j'ai eu de nombreux contacts avec des hommes mais jamais avec des garçons de mon âge. 

"Un jour, j'ai accompagné un serveur chez lui. J'étais très intéressé et très excité. Nous avons fait l'amour et j'ai trouvé cela particulièrement agréable. Je devais avoir 14 ans environ. A la maison je ne tenais pas en place et je suis retourné le voir le lendemain. Nous avons fait l'amour environ vingt fois pendant cette période. 

"Le fait de ne pas avoir de filles comme tant d'autres ne m'a jamais troublé. A soixante-huit ans, après une vie bien remplie, je vois ces contacts passés comme un élément positif dans mon développement. Je n'aurais pas voulu les manquer et je n'envie pas ceux qui n'ont pas eu ces occasions. J'ai été et je reste homosexuel et je vis avec un ami depuis environ vingt ans. Auparavant, j'avais un ami marié bi-sexuel avec lequel j'étais aussi très heureux. 

"Je considère que ma vie est la preuve que l'on naît homosexuel et que les circonstances n'y sont pour rien. C'est une chose qui m'appartient totalement. Je savais dès le début qu'il ne fallait pas que j'en parle à mes camarades de classe. Cela ne posait pas de problème." 

CAS N°6 

Voici la biographie d'un homme de 25 ans qui appartient à la même catégorie que le précédent. 

"Quand j'avais environ huit ans, j'ai rencontré un homme dans la rue qui trouvait que je jouais très gentiment. Il me fit faire des promenades sur le porte-bagages de sa bicyclette et plus tard m'invita chez lui. Mes parents me dirent de ne pas y aller mais je n'arrivais pas à imaginer le danger qu'il pourrait y avoir. Je ne pouvais pas imaginer que ce monsieur me ferait du mal. Dès notre première rencontre chez lui je le connaissais bien. Nous sommes devenus amis et je l'appelais par son prénom. 

Petit à petit nous avons approfondi notre amitié et je pris conscience de son homosexualité. Cela ne me fit pas l'effet d'une bombe, je voulais en savoir plus et il m'expliqua la sexualité, y compris la bisexualité et l'hétérosexualité, chose que mes parents n'avaient jamais pu faire (je ne leur en tiens pas rigueur). Les liens de notre amitié devenaient de plus en plus forts. De lui, j'ai reçu l'amour, chose que je n'avais jamais connue. Sans être la même chose que l'amour de ma femme actuelle, notre amitié était et reste encore quelque chose que je ne puis imaginer avec un autre. 

Plus tard, quand j'avais dix ou onze ans, nous avons fait l'amour. J'y ai toujours pris du plaisir. Cela dura jusqu'à mes dix-huit ans quand j'ai commencé de fréquenter une jeune fille. Quand je me suis fiancé, j'ai pu en parler avec ma future femme, l'esprit parfaitement en paix. Elle a très bien compris toute l'affaire. Nous sommes très sûrs l'un de l'autre et nous nous sommes mariés en 1968. Notre mariage est particulièrement réussi, mes relations sexuelles sont particulièrement bonnes et nous avons une petite fille de dix mois particulièrement mignonne." 

CAS N° 7 

Le récit biographique suivant, d'une femme d'un certain âge, est assez typique. 

"Vous aurez peut-être de la peine à vous imaginer la chose mais quand j'avais douze ans j'étais amoureuse d'un homme de cinquante ans, et c'était réciproque. Je ne sais pas lequel a commencé mais nous nous caressions et nous faisions l'amour ensemble. Cela me faisait merveilleusement du bien. 

"Un jour mes parents l'ont su et on fit intervenir la police. L'interrogatoire fut terrible, je niais longtemps puis finalement j'ai cédé. On arrêta mon ami, et mes parents après mes aveux forcés déposèrent plainte. A partir de là, il n'y eut plus rien à faire. Je n'ai jamais pu oublier. C'était injuste. J'aurais pu en conserver un très beau souvenir. Je suis mariée et j'ai quatre enfants. Je n'aurais pas d'objection s'ils avaient des contacts sexuels avec des adultes. Je considère que c'est positif." 

Tous les enfants dans ce groupe de sujets considèrent que l'expérience sexuelle avec un adulte est positive ("agréable", "beau", "important", etc.) Un seul sujet a une attitude négative au sujet de ses expériences de jeunesse ("parce que cela ne me semblait pas une situation normale"). Au fond, tous ces sujets recherchaient l'affection, l'amour et la sécurité et ne cherchaient pas uniquement l'aspect sexuel. Certains prennent la défense de la pédophilie pour cela. 

En fait, aucun ne parle d'expérience traumatisante, c'est plutôt le contraire. Ce ne sont pas les actes en eux-mêmes, généralement caresses et masturbation, qui engendrent des problèmes ou des conflits, mais plutôt l'attitude de la société (cf. cas n°7). 

Personne ne parle de craintes au sujet des intentions du partenaire adulte, ce qui est assez remarquable. Ce mot n'apparaît jamais dans les textes, même sous une forme voilée. Il semble évident que l'attitude du pédophile correspond bien à la situation et il sait gagner la confiance de l'enfant. Ce qui est frappant, c'est combien ces descriptions se ressemblent, elles sont toutes très humaines et facilement imaginables. En général, les premiers contacts commencent vers la puberté (autour de la quatorzième année) mais il y en a aussi à l'âge de l'école primaire (Cas n°5 et n°6). 

Un dernier mot sur la "séduction". Le Dr Tolsma, psychiatre, a constaté au moyen d'une étude statistique portant sur 133 "victimes" initiées par des homosexuels, qu'un très petit nombre seulement se sont révélés homosexuels plus tard. Le nombre correspond d'ailleurs avec le pourcentage d'homosexuels dans notre société. 

Notre propre enquête démontre qu'une relation humaine entre un garçon ou une fille et un adulte est en effet possible dans nombre de cas. Souvent cette liaison se transforme en amitié solide qui dure toute la vie. Cela se produit aussi pour les cas où le premier contact a eu lieu à six ou sept ans. Il semblerait qu'il soit impossible de tracer des limites d'âge. Le roman de Gianni Segre, La Confirmation, publié par Christian Bourgois à Paris en 1969, décrit les relations de filles de onze à douze ans avec un homme et traite aussi de relations entre filles de cet âge et une femme adulte. 

Les avis sont partagés quant à la fréquence de ces contacts homophile-pédophile. Edward Brongersma, dans son livre Das Verfemte Geschlecht (1979), tire une estimation prudente. Selon lui, aux Pays-Bas où il y a environ trois millions d'hommes entre 21 et 64 ans, il y aurait plus d'un million et demi de contacts avec des mineurs. Pour l'Allemagne de l'Ouest, le chiffre serait de l'ordre de sept millions et demi. Il s'agit de contacts, le nombre d'enfants étant naturellement beaucoup plus petit. On mesure l'importance du phénomène. 

Ce qui frappe surtout en matière de pédophilie est le fait que le phénomène est tellement étouffé à notre époque dans notre société. Il n'a pas de place dans nos processus de pensée. Ce n'est qu'à partir des années 70 que le tabou a été rompu, avec prudence. Inéluctablement, les anciennes traditions et les normes reconnues de comportement disparaissent. L'image et la réalité ne sont pas nécessairement identiques. Notre étude ne se préoccupe pas de l'image que l'on peut avoir de ces relations; nous voulons d'abord cerner la réalité. En effet, la réalité est au moins aussi importante que l'image que se font les gens dans tous les milieux, qui est généralement une idée négative de la pédophilie, avec toutes les conséquences que cela implique. 

Il semblerait que cette image soit fausse et fortement exagérée dans le sens défavorable. C'est une image déformée. 

Jusqu'en 1886, il n'y avait pas de limite d'âge dans la loi aux Pays-Bas. En 1886 on fixa la limite d'âge à 16 ans, puis vint, en 1911, l'article 248 bis(*). Pourtant, la période qui précédait 1886 n'était pas remarquable par ses excès, bien au contraire. Nous cherchons à éliminer cette limite d'âge, nous travaillons pour un retour au passé. 
Notons que la société, s'il y avait changement d'attitude, pourrait tirer beaucoup de bienfaits de ses frères pédophiles. Elle n'en est pas encore consciente mais une première prise de conscience se dessine.

RÉSUMÉ 

Le problème posé était le suivant: 
Les relations ou les contacts sexuels entre un adulte, homme ou femme, et un garçon ou une fille de moins de seize ans ont-ils de mauvaises conséquences pour l'enfant? Si oui, quelles sont ces conséquences? 

L'étude était en deux parties. Une partie biographique et un test psychologique, le Test ABV. 

Les conclusions dégagées à titre provisoire et avec la prudence qui s'impose sont les suivantes: 

a. Les enfants ressentent les relations ou les contacts sexuels avec des adultes comme quelque chose de positif. 
 

b. Les enfants recherchent l'amour, l'affection et la sécurité en plus de l'aspect purement sexuel. 
 

c. Il est faux de parler d'influence traumatisante ou de crainte à l'égard de l'adulte. Selon les résultats de notre test ABV, les sujets testés ne sont pas plus névrosés que le Néerlandais moyen. Au contraire certains paraissent plus stables sur le plan psychologique. 
 

d. L'initiation n'a pas d'influence sur l'orientation sexuelle ultérieure. 
 

e. Dans certains cas les premiers contacts ont lieu à l'âge de l'école primaire. 
 

f. L'activité sexuelle est surtout du type masturbatoire. 
 

g. Quelquefois l'amitié continue à exister après la période des activités sexuelles, dans certains cas toute la vie. 
 

h. L'attitude de la société a un effet négatif sur l'enfant qui connaît ce type de relations.

Frits Bernard

(*) Loi interdisant les contacts homosexuels avec des mineurs de 16 à 21 ans, Ce paragraphe a été aboli en 1971.

[Retour au Coin Français]

Home Up